Lettre ouverte à Emmanuel Macron : « Non, l’accord UE-Mercosur n’est toujours pas acceptable – Nous vous appelons à vous y opposer fermement et à construire une minorité de blocage »


MERCOSUR – C’EST TOUJOURS NON !

« Nous (…) exprimons nos plus vives inquiétudes et notre totale incompréhension devant les réactions complaisantes provenant de l’Élysée et de plusieurs ministères suite à la décision de la Commission européenne de transmettre l’accord de libre-échange UE-Mercosur au Conseil des 27 États membres de l’Union européenne pour une ratification expresse et sans consultation démocratique des Parlements des États membres sur la partie commerciale de l’accord. »

Extrait de la lettre ouverte à Emmanuel Macron du Collectif StopCetaMercosur, que nous co-signons, publiée ce matin dans la presse (pièce jointe).

Plus d’informations ci-dessous.

❌Pour nous, c’est toujours NON.

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Lettre ouverte à l’initiative du collectif STOP CETA / Mercosur, dont Les Ami·e·s de la Confédération paysanne sont signataires.

Ce 27 octobre, débute une campagne européenne pour bloquer la ratification de l’accord. Vous pouvez : 

Emmanuel Macron,
Président de la République
Palais de l’Élysée
55 rue du Faubourg-Saint-Honoré
75008 Paris, France
Paris le 28 octobre 2025,

Copie à :
• Sébastien Lecornu, Premier-Ministre
• Jean-Noël Barrot, Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
• Annie Genevard, Ministre de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Souveraineté
alimentaire
• Monique Barbut, Ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations
internationales sur le climat et la nature
• Roland Lescure, Ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle,
énergétique et numérique
• Nicolas Forissier, Ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité
• Benjamin Haddad, Ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères
• Emmanuel Puisais-Jauvin, Secrétaire général du SGAE

Sujet : S’opposer fermement à l’accord commercial UE-Mercosur et construire une minorité
de blocage

Monsieur le Président de la République,

Par ce courrier, nous, organisations de la société civile soussignées, exprimons nos plus vives inquiétudes et notre totale incompréhension devant les réactions complaisantes provenant de l’Elysée et de plusieurs ministères suite à la décision de la Commission européenne de transmettre l’accord de libre-échange UE-Mercosur au Conseil des 27 États-membres de l’Union européenne pour une ratification expresse et sans consultation démocratique des Parlements des États membres sur la partie commerciale de l’accord.
Rappelons que le 6 décembre 2024, alors que la présidente de la Commission européenne annonçait avoir conclu les négociations du contenu de l’accord, vous faisiez savoir que le texte « restait inacceptable en l’état » (1). Lors du dernier Salon de l’agriculture, en février 2025, vous qualifiez encore le contenu de « mauvais texte », précisant que vous feriez « tout pour qu’il ne suive pas son chemin, pour protéger cette souveraineté alimentaire française et européenne » (2).

Nos inquiétudes et notre incompréhension sont d’autant plus vives que le contenu de l’accord n’a été l’objet d’aucune modification de substance depuis décembre 2024. Seules une révision légale et la traduction de l’accord ont été menées à bien. Subitement, l’exécutif français est donc passé d’un « Non en l’état » à un « Oui probablement », abandonnant en rase campagne les trois lignes rouges qu’il avait fixées en 2020 suite à la publication du rapport Ambec, et acceptant de facto ce que la France jugeait inacceptable il y a encore peu.
Rien ne saurait justifier ce brusque changement de position, particulièrement dans le contexte où la distorsion de concurrence et de normes environnementales et sociales entre les produits en France et dans l’UE et les produits importés des pays du Mercosur est l’objet de débats brûlants et
légitimes. Car non, l’accord présenté par la Commission européenne ne va pas « dans le bon sens ». L’analyse attentive de son contenu montre bien que l’ouverture des marchés agricoles européens a servi de monnaie d’échange.

Ce n’est pas « la clause de sauvegarde » mise en avant par la Commission européenne, et présente dans l’accord depuis 2019, qui saurait changer la donne : on ne règle pas des risques de déstabilisation structurelle de marchés agricoles par l’activation d’une mesure par définition temporaire et dont l’usage est limitatif et exceptionnel. Face à ces risques structurels persistants, la réponse de l’UE consiste à mettre sur pied un fonds de compensation des agriculteurs mis en danger par cette concurrence déloyale : les agriculteurs.trices veulent vivre de leur travail, pas être indemnisés pour disparaître.
Précisons également que l’analyse du contenu de l’accord montre que les lignes rouges énoncées par la France à l’automne 2020 ne sont pas satisfaites par l’ajout d’une annexe sur le développement durable. Ni sur la déforestation puisque la promesse ne comporte aucune dimension exécutoire et que la mise en œuvre du règlement européen contre la déforestation, initialement porté par la France, serait compromise par l’accord commercial. Ni sur le climat puisque l’accord ne saurait être suspendu si un Etat menait des politiques contraires à la lutte contre le changement climatique. Ni sur le respect des normes sanitaires et environnementales de l’Union européenne puisqu’il ne saurait être exigé des produits importés qu’ils soient produits selon
des processus similaires aux produits européens.

Ce changement de position soudain de la France est d’autant plus préoccupant que cet accord de libre-échange soulève toujours des objections sévères pour ses impacts des deux côtés de l’Atlantique en matière de climat, de droits humains et des peuples autochtones en particulier, de déforestation, de biodiversité, de bien-être animal, d’extraction minière, d’emplois et de justice sociale. Raison pour laquelle, nous vous demandons de :
• clarifier publiquement la position française et expliquer comment vous allez vous y
prendre pour bloquer la ratification de cet accord ;
• construire une minorité de blocage avec les autres pays européens critiques de cet accord (Autriche, Irlande, Pays-Bas, Pologne, etc) ;
• vous opposer par tous les moyens à votre disposition à la division de l’accord en deux (« splitting ») voulu par la Commission européenne afin d’accélérer la ratification de la partie commerciale de l’accord.

Nous souhaitons enfin profiter de ce courrier pour rappeler que les derniers sondages d’opinion montrent que les accords de libéralisation du commerce sont largement rejetés par l’opinion publique de nombreux pays, notamment en France (3) : il n’y a plus de majorité sociale en faveur d’accords qui contribuent à importer et exporter toujours plus de biens et services par delà les frontières au détriment des bons emplois, de l’activité agricole et industrielle, des productions de qualité, du climat et de la biodiversité, des droits humains et sociaux, etc.

Veuillez recevoir, Monsieur le Président de la République, nos respectueuses salutations.

Organisations Signataires :
ActionAid France
Action non-violente COP21 (ANV-COP21)
Agir pour l’environnement
Aitec
all4trees
Alofa Tuvalu
Alternatiba
Amis de la Terre France
Attac France
Bio Consom’acteurs
BLOOM
CADTM France
Collectif national Stop Mercosur
Commerce Equitable France
Confédération Générale du Travail – CGT
Confédération paysanne
CRID
Ekō
Emmaüs International
Fédération Artisans du Monde
foodwatch
Fondation Copernic
France Amérique Latine – FAL
France Nature Environnement
FSU – Fédération Syndicale Unitaire
GAFE-France
Générations Futures
Greenpeace France
Ingénieurs sans frontière Agrista
LDH
Les Ami·e·s de la Confédération paysanne
Max Havelaar France
MIRAMAP
MRJC – Mouvement Rural de Jeunesse
Chrétienne
Nature & Progrès
Notre Affaire à Tous
Pôle InPact
Réseau Action Climat
Slow Food en France
SOL
Solidaires
SOLIDAIRES Douanes
Terre de Liens
VRAC France
Notes :
1. Accord UE-Mercosur : « Ce n’est pas la fin de l’histoire », réagit l’Elysée, pour qui le texte «
reste inacceptable en l’état »
2. Face aux agriculteurs, Macron fustige l’accord Mercosur, « un mauvais texte »
3. 76% des Français s’opposent à l’accord avec le Mercosur


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